Un Tatar au Japon
Un Tatar au Japon
La victoire du Japon sur la Russie en 1905 a suscité dans les pays colonisés ou dominés un mélange d’enthousiasme et d’espoir. L’événement montrait que l’Europe n’était pas invincible, et que l’on pouvait espérer se débarrasser de sa domination dans un avenir plus ou moins proche. Ce sentiment était particulièrement puissant parmi les musulmans, notamment les musulmans de Russie et les Turcs ottomans, ennemis héréditaires de l’empire des tsars. C’est dans ce contexte qu’un ouléma tatar, Abdürrechid Ibrahim, voulant percer à jour le secret de la puissance nipponne, se rendit au japon au cours d’un long voyage en Asie entrepris en 1908-1910. Le résultat sera la publication d’un gros ouvrage de près de mille pages dont le tiers est consacré au Japon. Le récit d’Abdürrechid fourmille d’informations sur les mœurs des Japonais, sur la vie sociale, politique, économique et intellectuelle d’un pays qui le fascine. Mais, au-delà de la relation de son séjour, il insiste sur la leçon que les musulmans doivent retenir de l’expérience japonaise : il est possible d’être moderne sans perdre son identité nationale, il n’est pas nécessaire de s’occidentaliser pour se moderniser.
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