Un manguier au Nigeria

Un manguier au Nigeria

Ce lac Tchad ressemblait à un vaste marécage. J’étais entouré de soldats nigérians et de pêcheurs locaux. J’avais mis une demi-journée pour me rendre de la capitale de l’État du Borno, Maiduguri, au lac. Un minibus, deux minibus, une mobylette et beaucoup de regards surpris plus tard, j’étais cet homme blanc au nom imprononçable qui s’était retrouvé devant un groupe de soldats dubitatifs. Je m’étais retrouvé sur les rives du lac Tchad pour comprendre la vision du monde des habitants de la région et m’intéressais particulièrement aux questions de territoire, d’espace et de frontières. Cette région du Borno aujourd’hui est connue dans le monde entier comme le berceau de Boko Haram. Personne ne peut oublier l’appel international #BringBackOurGirls pour libérer les 276 lycéennes capturées dans le village de Chibok le 14 avril 2014. L’État du Borno dont la devise bien ironique est « demeure de la paix » s’est retrouvé officiellement sur la ligne de front de la lutte contre le terrorisme islamique. Pourtant, l’histoire de la région du lac Tchad mérite bien plus qu’une simple liste des atrocités de Boko Haram. Pendant un millénaire, ses habitants ont contribué à la construction du Kanem-Borno l’un des États à la plus grande longévité en Afrique. Situé au croisement de plusieurs aires culturelles, le bassin du lac Tchad renferme un véritable patchwork de populations, langues et religions en particulier au Tchad et au Cameroun. Ce livre donne la parole aux Nigérians souvent caricaturés ou devenus de simples stéréotypes dans les médias occidentaux mais aussi nigérians. La victime, le pauvre, l’oublié d’un côté font face au barbu, au barbare, au terroriste d’autre part.

Épuisé
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