Que seule demeure la poésie du Ienisseï
Que seule demeure la poésie du Ienisseï
Sur le fleuve, le Matrosov avait repris sa virée. Plein nord, vers la mer de Kara, la Nouvelle-Zemble, l’Arctique et toutes nos illusions : la légèreté, la rédemption d’une route sans poussière et l’apesanteur de l’étoile Polaire… Un cri d’oiseau avait déchiré la nuit, lui offrant cette profondeur que l’obscurité lui déniait. Au matin le soleil serait là, la rivière silencieuse. Les jours de brume s’esquiveraient sans autre pesanteur que le spleen qu’ils nous avaient légué. Une aigrette avait déposé d’une courbe gracieuse sa candeur sur le fleuve. Et s’était envolée à nouveau, effaçant jusqu’au souvenir de son ombre. Au-delà des terrasses jaunes, des combes vertes et des grèves violettes était tombé l’appel, comme un vol de milans, sur la steppe où miroitait le fleuve.
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