Petite philosophie des ports maritimes
Petite philosophie des ports maritimes
Je déplore qu’en français, à la différence de la langue anglaise, le mot « navire », le mot « bateau » soient du genre masculin.
Il y a dans le déplacement du bateau, dans la liberté et la grâce de ses mouvements, quelque chose qui, pour moi, s’attache au féminin. Tous les types de navires sont désignés en français par un nom masculin, à quelques exceptions près, sur lesquelles il est intéressant de se pencher : ces noms féminins s’appliquent à des navires de modeste envergure (une yole, une plate…), de faible gabarit (une périssoire, une marie-salope, une coquille de noix…) ou d’une navigabilité plus que douteuse (une baille…).
Bien sûr, comme souvent dans la langue française, on trouve un équivalent féminin, un presque équivalent… : une embarcation. Mais le mot renvoie à un objet de moindre dimension, et pour tout dire, traduit de manière subliminale une réserve quant aux qualités de navigation du dit navire : « une frêle embarcation », « l’embarcation prenait l’eau »…
La situation est pis encore avec un autre mot, féminin lui aussi : une barcasse… (Laissons de côté la barge, et ses inévitables connotations psychiques, ainsi que la patache, qui sent trop sa patachonne…).
Quant à la galère, je préfère la passer sous silence. Donc, à tout prendre, va pour UN bateau, UN navire.
C’est à une navigation de cabotage que j’invite le lecteur. Ainsi débute l’ouvrage de Jean Luc Le Cleac’h, voyageur impénitent, ancien contrôleur des affaires maritimes, et surtout poète des ports et des horizons lointains.
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.