Miracle en Bohême
Miracle en Bohême
Josef Škvorecký a été le premier écrivain tchèque à tenter de faire le bilan du Printemps de Prague, d’en situer les péripéties et d’en démystifier les protagonistes. Irrévérencieux et mordant comme savent l’être les humoristes de son pays, il traite un certain nombre de faits réels au niveau du reportage, tout en les insérant dans une trame romanesque appelée à rendre compte des tendances idéologiques et des problèmes humains en présence. Un fait divers survenu dans les années 1950 dans une petite église de Bohème sert de point de départ à cette fresque : la statue d’un saint a bougé en plein milieu du sermon dominical. Les paysans, restés attachés au catholicisme, crient aussitôt au miracle. En fait il s’agit d’une provocation policière destinée à évincer un curé par trop populaire : accusé d’avoir lui-même fabriqué ce « miracle », celui-ci sera torturé avant de disparaître dans les geôles staliniennes. Partant de là, le romancier nous conduit dans les milieux politiques et intellectuels de la capitale, procède à une véritable radiographie des leurres et des lâchetés des puissants d’hier ou de demain, sans oublier pourtant certains militants de base qui luttent patiemment pour un monde meilleur auquel ils veulent croire. Comme le signale Milan Kundera dans sa préface, même les personnages imaginaires sont ici plus vrais que nature. Miracle en Bohême vient clore la trilogie dont Les Lâches et L’Escadron blindé constituent les deux premiers volets. Après avoir montré l’ambiguïté d’une Libération où les troupes soviétiques venaient se substituer à l’occupant allemand, puis retracé les mésaventures d’un brave conscrit de l’armée communiste, Josef Škvorecký raconte ici les déboires du simple citoyen au long de cinquante ans d’une histoire par trop mouvementée.
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Jean-Luc –