Mémoires des terres de sang
Mémoires des terres de sang
« L’on prétendait, dans cette région où ma grand-mère était née, qu’à un moment chaque année, les morts rentraient chez eux », écrit Inara Verzemnieks dans ce récit déchirant de guerre, d’exil et de reconstruction de soi. Mais ceux-ci sont-ils vraiment partis ? L’auteure a grandi à Tacoma, État de Washington, entre deux mondes, entourée de fantômes, dans les récits et les silences d’une grand-mère ayant fui sa Lettonie natale, envahie par les troupes soviétiques après la Seconde Guerre mondiale. Toute son enfance fut captive des rituels de cette Lettonie perdue, de ses cérémonies : salut au drapeau d’un pays devenu irréel, chants à l’église, camps de vacances l’été, dispersion sur les cercueils de sable letton entré clandestinement aux États-Unis. Sa grand-mère Livija et sa grand-tante Ausma ont été séparées, jadis. Livija est devenue une réfugiée, Ausma a été exilée en Sibérie, sous Staline : les deux sœurs ne se sont pas revues durant plus de cinquante ans… Dans une boîte contenant les affaires de sa grand-mère, Inara découvre l’écharpe que Livija portait lors de son départ. C’est assez pour entreprendre le voyage jusqu’au village où sa famille s’est désagrégée, retrouver Ausma, percer certains silences, à commencer par l’enrôlement de son grand-père dans l’armée allemande, là où les juifs furent massacrés par dizaines de milliers. Si le passé nous échappe, nous ne pouvons pas, nous, lui échapper, constate l’auteure tandis qu’elle s’enfonce dans la noire beauté de ce pays marqué par le malheur, les guerres, la culpabilité : un long chemin au plus intime de soi, sur l’exil, les pièges et les douleurs de l’identité, et cette demeure, alors, que devient la littérature — qui nous vaut un texte bouleversant, lyrique et somptueux…
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Aline –