Marcher sur la diagonale du vide

Cette beauté ne saute pas aux yeux, elle n’est pas évidente. Il faut l’entrapercevoir dans la simplicité des paysages qui se dévoile au fil de la marche, toute en subtilité, toute en nuances. Elle se découvre dans des tableaux où se blottissent de petits villages au creux de douces collines, dans des forêts où croissent des arbres majestueux, dans le maillage tissé par de modestes rivières et des haies encore en place, par sa multitude d’étangs et de mares où règne une vie foisonnante, par ses sentiers qui ondoient dans une campagne séculaire. C’est en rêvant devant la carte de France que l’idée est venue à Jean-Luc Muscat : commencer une randonnée au long cours, de Vézelay à Figeac. Une traversée pédestre de ce que les démographes appellent Diagonale du vide. Ce cheminement de 660 km s’entortille de manière aléatoire, entre les chemins balisés, ou non, les routes hostiles aux piétons ou celles destinées aux pèlerins. En suivant cet itinéraire de la solitude, notre observateur traverse des zones à très basse densité de population ; peu de commerces, peu de services de proximité, c’est à la fois tranquille et austère, poétique et triste, ordinaire et beau. Au plaisir de la marche, se mêle la découverte d’une réalité que le randonneur ne peut ignorer et c’est avec beaucoup de sensibilité qu’il dépeint son expérience à la fois sensorielle et sociale.