L’Inde fantôme
L’Inde fantôme
Après un premier voyage en Inde en 1967, Louis Malle n’aura de cesse de retrouver ce pays. Il y retourne en janvier 1968, « résolu à changer de vie et de cinéma », avec une équipe restreinte : un preneur de son, un cadreur. La durée du séjour est indéterminée. Le projet : faire un film subjectif et libre sur l’Inde, sans scénario, sans fiction, et surtout sans idée préconçue, avec deux modèles puisés non dans l’histoire du cinéma mais dans celle de la littérature : le Journal de voyage en Italie de Montaigne et L’Afrique fantôme de Michel Leiris. Ce sera une plongée vertigineuse dans un continent qui sans cesse s’offre et se dérobe. Louis Malle filme tous les jours, jusqu’à l’épuisement, sans penser au montage, avec pour seul objectif de vivre intensément chaque instant, s’interrogeant sans relâche sur le voyage, la religion, la misère, l’exploitation, le système des castes — autant de thèmes qui formeront l’ossature de la série des sept films de L’Inde fantôme et de celle du long métrage Calcutta. Après quatre mois de tournage, le cinéaste revient en France, où il doit siéger en tant que juré pour un festival de Cannes très mouvementé : celui du mois de mai 1968. L’année suivante, les films de Louis Malle seront accueillis chaleureusement par la critique française, mais susciteront la violente colère des autorités indiennes, qui reprocheront au cinéaste d’avoir donné une vision outrageante de leur pays. Jour après jour, durant tout le tournage, Louis Malle a recueilli dans son carnet de voyage les impressions et réflexions que lui inspirait l’Inde. C’est ce document passionnant, fruit des interrogations, des inquiétudes et des révoltes d’un homme libre, que nous donnons à lire aujourd’hui.
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Gérard –