Les Jours noirs
Les Jours noirs
Lorsque Brice Matthieussent débarque pour quelques jours, dans un cadre universitaire, à Saint-Pétersbourg, il ne sait rien de la ville. Et même il a pris soin de ne pas s’informer. Sa rêverie et sa lucidité n’en seront que plus intenses. Ce qui se donne à lui, loin des Nuits blanches de Dostoïevski qui rôde dans ce texte merveilleusement, ce sont des passants lourdement vêtus, toque de fourrure et col relevé, réunis autour d’un brasero ; des chiens errants dans les ombres ; la lueur saccadée des lampadaires défectueux ; une main jaillie des ténèbres pour mendier et des jeunes filles belles comme dans les James Bond ; un inoubliable chauffeur de taxi bavard et brisé, la gravité de sa voix indignée ; une étourdissante nausée du faux neuf et la ferveur de jeunes étudiantes lisant des poèmes, exaltées et mélancoliques. On ne présente plus Brice Matthieussent qui nous a donné « l’Amérique » en éditant et traduisant des milliers de pages des auteurs majeurs des États-Unis (Jim Harrison, John Fante…), mais on le découvre ici sous un jour plus intime, fondamentalement sincère et émouvant.
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Jean-Luc –