Les Forêts du Maine
Les Forêts du Maine
Lorsqu’il meurt prématurément à quarante-quatre ans, Henry David Thoreau (1817-1862) n’est parvenu à faire paraître que deux ouvrages, A Week on the Concord and Merrimack Rivers (1849) et Walden (1854), mais outre le journal qu’il tient régulièrement depuis 1837, il laisse un grand nombre de textes soit en préparation soit publiés dans des revues ou prononcés lors de conférences dans sa ville de Concord ou à Boston. Les trois essais regroupés par sa sœur Sophia et, publiés en 1864 sous le titre The Maine Woods, relatent ses trois voyages (en 1846, 1853 et 1857) dans les profondeurs de l’État du Maine, où, quoique l’exploitation intensive en soit déjà bien avancée, subsistent encore de grands pans de forêt primaire. Dans ce pays presque désert, sombre, austère, à l’hydrographie incroyablement complexe, et riche d’une flore et d’une faune très diverses, il peut, plus fortement encore que durant ses promenades autour de Concord, être en contact avec le wilderness, la nature sauvage, intacte, exempte de toute influence humaine, et rencontrer une population — les Indiens — dont il se sent proche par la façon qu’elle a de vivre dans et avec la nature et non pas contre elle. Point d’angélisme, cependant, dans cette position, comme en témoigne le premier récit, « Le Ktaadn », où Thoreau présente au contraire une nature parfaitement insensible à l’homme et qui ne lui accorde a priori aucune place particulière. C’est dans « Le Chesuncook », le plus lyrique des trois, que le sentiment de fusion avec la nature et la conviction de Thoreau que l’homme ne se sauvera qu’avec elle s’expriment avec le plus d’intensité. Quant à « L’Allegash », c’est avant tout le portrait extrêmement concret, précis et chaleureux d’un Indien, celui qui a été son guide tout au long du troisième voyage, Joseph Polis.
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Aline –