Le Gong
Le Gong
La concurrence des haut-parleurs a mis au chômage un sonneur de gong, naguère chargé des annonces. Privé de tout revenu, il s’associe à une bande de vagabonds qui gagnent leur vie en proposant leurs services au moment des enterrements. D’abord méfiants, ceux-ci l’acceptent car il les divertit et leur fait oublier leur ventre vide, les défunts se faisant rares dans le village depuis quelque temps… Il devient définitivement des leurs le jour où il prouve son courage en allant assener quelques coups de balai sur un cercueil vide : ce geste, qui selon la tradition doit immanquablement provoquer un décès, les met effectivement à l’abri du besoin pour quelques jours. Convaincu d’avoir causé la mort d’un pauvre homme, bourrelé de remords, l’ex-sonneur de gong cherche dès lors sa rédemption dans le souvenir de sa « dignité » passée, qu’il ne désespère pas de reconquérir, et compense son état d’humiliation permanente en s’offrant des « victoires morales », les seules qui soient à sa portée. D’une extrême finesse dans l’observation, ce roman, à la langue très travaillée dont le ton évolue constamment entre humour, ironie et pathétique, fut écrit pendant la période de création la plus féconde de Hwang Chun-ming dont plusieurs œuvres s’attachaient alors à évoquer la vie difficile, le caractère et les aspirations d’humbles personnages de la société taiwanaise.
Aline –