Le Désert
Le Désert
Les étendues sablonneuses, les terres incultes, les sommets de porphyre peuvent paraître de piètres lieux de pèlerinage ; mais vous et moi, et celle que nous avons tous deux tant aimée, ont si souvent trouvé d’une grande beauté les marécages délaissés, les forêts hivernales, les coteaux arides ! Après tout, l’amour de la Nature est un goût acquis. On commence par admirer le paysage où coule l’Hudson pour finir par aimer la désolation du Sahara. On aurait bien du mal à expliquer pourquoi et comment s’est opéré le changement. On ne peut pas toujours disséquer un goût ou une passion. On ne peut pas épingler la Nature sur un tableau et dessiner la carte de ses beautés à coup d’équerre et de compas. On ne peut guère donner que ses impressions, rien de plus. Peut-être puis-je vous faire quelque peu le récit de ce que j’ai vu au cours de ces deux années de pérégrinations ; mais je ne serai jamais capable de vous exprimer la grandeur de ces montagnes ni la splendeur des couleurs qui enrobe les sables brûlants étalés à leurs pieds.
Jean-Luc –