La Nuit, les yeux ouverts
La Nuit, les yeux ouverts
Voici la suite des Yeux de ma chèvre, le livre où Éric de Rosny, jésuite français établi depuis longtemps au Cameroun, décrivait son entrée, grâce à une initiation, dans le monde des nganga, c’est-à-dire des « tradipraticiens », ou médecins de tradition africaine, qui tentent de guérir les maladies du corps autant que celles de l’âme et de tout l’être. Éric de Rosny raconte ici non seulement comment il est consulté désormais par les malades et leurs familles, mais comment il est devenu « initiateur », plus précisément comment lui, Européen, a été appelé à transmettre à son tour ce savoir secret de la guérison à des Africains : une « connaissance » spécifique qui consiste à donner libre cours à la « vision », aux images intérieures que provoquent les paroles et les comportements des patients. Cela ne va pas sans risques… Paradoxalement, il devient clair, au fil du texte, qu’on peut rester prêtre, jésuite, chercheur, nganga et ordonnateur de nganga, tout en restant, par-dessus le marché, un honnête homme : il suffit d’être Éric de Rosny. C’est là, en effet, le point fort de l’auteur : il ne cesse jamais d’être crédible, de garder son sens de l’humour, de réfléchir et d’agir « juste », même lorsqu’il est confronté aux pires contradictions.
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Gérard –