La Claire Lumière du jour
La Claire Lumière du jour
Les koëls commencèrent à appeler avant le lever du jour. Leurs voix résonnaient comme un carillon dans les arbres sombres, s’appelant et se faisant écho, s’imitant et s’encourageant mutuellement à lancer des cris de plus en plus aigus. Tara ne supportant plus leurs clameurs plaintives se leva et sortit sur la véranda où elle fut aveuglée par la lumière éblouissante du soleil. Faisant une grimace elle abrita ses yeux et aperçut la silhouette blanche de sa sœur qui marchait à pas lents le long de la « promenade des roses » comme ils l’appelaient autrefois… À Delhi aujourd’hui, Tara, la quarantaine, qui a longtemps vécu à l’étranger avec son mari diplomate, revient séjourner dans la maison de son enfance. Bim, sa sœur aînée, et Baba, leur frère autiste, y vivent encore. Très vite les souvenirs, les querelles et les jeux d’autrefois, les jalousies et les regrets, tout revient à la surface. Bim prend la mesure de ce qu’elle ne connaîtra jamais, Tara de ce qu’elle croit avoir perdu… Dans la touffeur de l’été, les deux sœurs vont régler à fleuret moucheté de vieilles dettes, de très anciens comptes… Avec « La claire lumière du jour », Anita Desai entreprend un très délicat, un dangereux travail sur le temps et, chez elle, comme chez Tourgueniev, grondent les orages dont on ne sait s’ils éclateront finalement.
Gérard –