Kablouna
Kablouna
La température est maintenant si basse que mon crayon n’écrit plus : la mine est gelée. Le lendemain, toujours pas de kudlerk (lampe à huile). C’est un conflit d’entêtements. Je reste enfoncé tout le jour dans mon sac de couchage pendant qu’Algunerk, assis sur la couche, le torse nu (à cette température !), marmonne pour lui tout seul. Physiquement et moralement, c’est la pire journée que j’aie passée dans l’Arctique. J’ai dit que la lampe à huile est la chaleur, la vie ; je puis vous dire maintenant que sans elle l’iglou est un tombeau. Dehors, le vent balaie le lit de la rivière, hérisse les poils des chiens. Le vent mord la peau et donne envie de mordre en retour. La journée entière se passe dans l’inquiétude, l’attente ; puis la suivante. « Que sera la troisième ? »
Bien plus qu’un simple voyage, ce livre décrit la douloureuse mais fascinante initiation d’un « kablouna » (un « homme blanc ») à la vie, aux mœurs, aux mentalités, aux dures réalités des Eskimos. C’est au milieu du siècle que Gontran de Poncins (1900-1962) a vécu cette aventure en Arctique. Illustré de portraits saisissants, son témoignage est à placer aux côtés des plus célèbres récits de découverte.
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