Il était une fois Dublin
Il était une fois Dublin
Il y a en France une vénération pour l’Irlande, ses paysages, son peuple de chanteurs et de poètes, son histoire longtemps marquée par le drame. Sur un ton très personnel et très allègre, Pierre Joannon brosse le portrait haut en couleur de la capitale irlandaise. Au fil des pages, on croise tour à tour Jonathan Swift, le doyen fou, sarcastique auteur des Voyages de Gulliver, Robert Emmet, le révolutionnaire romantique dont le fantôme inconsolé hante toujours les allées des cimetières de Dublin ; Daniel O’Connell, le tribun émancipateur des catholiques ; Charles Stewart Parnell, le roi non couronné de la paysannerie en guerre contre un régime agraire quasi féodal ; George Moore, le plus français des écrivains de la Verte Erin ; William Butler Yeats, l’oracle de la nation couronné par le Prix Nobel de Littérature ; James Joyce, le génial auteur d’Ulysse, formidable monument de papier à la gloire de cette ville à nulle autre pareille ; Brendan Behan, poivrot magnifique qui en connaissait tous les débits de boissons. Mais Dublin a aussi conservé le souvenir de son passé à chaque coin de rue. Joyau d’une éphémère civilisation celto-viking, elle a été l’enjeu d’inexpiables luttes dynastiques, fleuron d’une nation protestante dont l’opulence se lit au fronton des chefs-d’œuvre architecturaux qui ont traversé les siècles, capitale des premiers soulèvements nationalistes de l’ère moderne… Elle a abrité des mouvements sociaux qui ont annoncé les conflagrations du vingtième siècle avant de devenir le foyer de la sanglante guerre d’indépendance contre l’Empire britannique. Dans les années trente, G. K. Chesterton la décrivit comme la capitale de la Chrétienté, ce qu’elle n’est assurément plus aujourd’hui. Trois fleuves tumultueux l’irriguent : la Liffey, la Guinness et le Jameson. Si les Dublinois répugnent à se baigner dans le premier, ils ne se font pas prier pour s’abreuver goulûment aux deux autres. S’exprime à travers cette ville gouailleuse et turbulente une identité forte même si ses contours ne sont pas toujours faciles à cerner. Elle est devenue l’épicentre d’une nouvelle renaissance urbaine, architecturale et culturelle qui fait d’elle, à l’orée du vingt et unième siècle, l’une des plus attachantes et des plus vibrantes capitales de l’Union européenne.
Gérard –