Henri Duveyrier
Henri Duveyrier
Henri Duveyrier, l’explorateur du Sahara, aura été pour l’essentiel l’homme de deux livres étrangement antinomiques, l’idyllique relation d’une rencontre et, vingt ans plus tard, la transcription d’un cauchemar. Duveyrier avait vingt-quatre ans lorsqu’il publia, en 1864, Les Touareg du Nord, livre écrit au retour d’un voyage de trois ans dans le désert. Grandi dans le sérail saint-simonien, il avait rompu avec ses aînés sans renier leurs idéaux de fraternité universelle. Mais, la conquête coloniale étant en plein essor, l’heure ne resta pas longtemps à la fraternité. Vingt ans après, ne soupçonnant pas combien les Touaregs s’effrayaient de l’expansion française au Sahara, Duveyrier ne comprit pas pourquoi des hommes qui lui avaient fait si bon accueil lors de son premier séjour se montraient hostiles aux voyageurs qui se risquaient dans le désert. Et il pensa en avoir trouvé la raison : pas de doute, ils étaient travaillés par la propagande des Senoussistes, membres d’une confrérie musulmane à laquelle il prêtait une puissance et une malveillance infinies. Il avait consacré à la confrérie quelques pages inquiètes dans Les Touareg du Nord, mais, en 1884, il fut beaucoup plus péremptoire dans un écrit halluciné : La Confrérie musulmane de Sîdi Mohammed ben « Alî Es-Senoûsî. Il en aura été de son destin comme de ses deux livres. Le tout jeune homme qui, le 13 mai 1859, partit de l’oasis de Biskra pour un voyage qu’il entreprenait « par amour pour la science et pour satisfaire une grande passion pour les découvertes des contrées lointaines » ne doutait pas des promesses que la vie semblait alors lui faire. Le 25 avril 1892, quand il s’engagea dans le bois de Meudon un revolver dans la poche, il avait eu le temps d’apprendre que la vie ne tient pas toujours ses promesses. Cette biographie suit Duveyrier dans son voyage parmi les Touaregs, dans l’écriture des Touareg du Nord, puis dans le triste cheminement qui l’a conduit de ce premier livre au second, puis au suicide. Ethnologue de formation, Dominique Casajus est directeur de recherche au CNRS. Il a consacré plusieurs ouvrages à la culture et à la littérature des Touaregs.
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