Groenland retrouvé

On a perdu le Groenland. Colonisé par les Vikings d’Éric le Rouge puis rattaché peu à peu au Royaume de Danemark, il disparut pourtant en douceur corps et âmes des annales du monde — les bouleversements politiques dans le Nord et la Peste noire y furent pour quelque chose.
Mais il ne fut pas oublié. Aux alentours du XVe siècle, on tenta l’aventure, on partit le chercher. Ce qu’il en coûta, on le découvrira ici.
Car au début du XVIIe siècle, Isaac de Lapeyrère, Gascon, aventurier, libre penseur, théologien, passait en ambassade à Copenhague. Pour lui, on ouvrit des cabinets de curiosités où étaient enfouis de vieux manuscrits, des chroniques anciennes, des objets étranges, d’ivoire et de peaux, venus de ce monde des contrées arctiques.
Rassemblant ce matériau disparate, méditant sur les causes et les effets des choses, il écrivit alors pour son ami le philosophe La Mothe Le Vayer cette Relation du Groenland qui constitue notre Groenland retrouvé.
C’est à une sorte de voyage immobile auquel il nous convie, retraçant — autant que possible — l’histoire du Groenland à partir des anciennes sagas, postulant les raisons de la fin de la colonisation de ces terres et de la disparition de ses habitants, jusqu’à remonter à l’oubli puis à la redécouverte du « Pays Vert », d’où les nouveaux explorateurs ramenèrent de force des Inuits désorientés qui, pathétiques, tentèrent à leur arrivée au Danemark de rentrer chez eux dans leurs kayaks.
Lapeyrère déploie ainsi des récits inédits sur les drames et les souffrances qui émaillèrent l’exploration du continent, et s’enfonce dans les fameuses brumes du Nord, pour en décrire la faune et la flore, les singularités climatiques et les merveilles.