Glissements de terrain
Glissements de terrain
Glissements de terrain, revient sur le passage personnel de l’auteur, en tant qu’ethnologue, dans une vallée retirée du sud-est de Madagascar. Trois années durant, Dominique Rolland côtoie les Antemoro de la Matitanana, suivant le cours de la vie et de ses rites. Carnet d’un voyage lointain, c’est un vrai regard critique sur le rôle de l’ethnologue qui se dégage de cette expérience malgache inédite. « Il vous semblait autrefois, à Paris, que l’ethnologie devait témoigner de l’intelligence de l’homme, de sa capacité à dominer les contraintes naturelles pour organiser la vie en société. Faire de l’ethnologie, c’était le désir impérieux de dire à l’Occident que le monde est infini, que la richesse de l’humanité réside dans sa diversité. Plus qu’une discipline scientifique, vous embrassiez à bras-le-corps une morale, et peut-être que sommeillait en vous la présomptueuse idée qu’il y avait quelque chose à racheter. L’ethnologie d’alors avait des allures de pratique militante opposée à l’insupportable superbe d’un monde qui s’affirmait seul tenant de l’intelligence, de la raison et de l’efficacité. C’est pour cela que vous vouliez faire de l’ethnologie. Faire de l’ethno. Ethno. Vous griffonnez distraitement cette abréviation sur votre carnet, le dos appuyé contre le tronc rugueux d’un manguier. Ethno. Apparaît l’anagramme. Honte. Face à ces hommes réservés assis dans la pénombre d’une maison lignagère, vous ne pourrez jamais évoquer les véritables raisons de votre présence. Pas plus que vous ne pourrez leur parler du plaisir que vous prenez à lire dans l’ethnologie la stupéfiante saga du monde. »
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