Carnets de Bagdad
Carnets de Bagdad
« Cette nuit, j’ai fait un rêve éveillé. Il était tard et Bagdad était impeccable de tranquillité. Le Tigre coulait, puissant, sa surface hérissée par une brise qui lui donnait la chair de poule. Puis on a entendu comme un orage en montagne. D’abord des grondements lointains, les premiers éclairs qui s’approchent, venus d’une autre vallée, et le premier coup de tonnerre, énorme, au-dessus du toit. Le bruit a réveillé les systèmes d’alarme des voitures et les chiens ont hurlé à la mort. Haut dans les ténèbres s’est allumé le vol de papillons rouges des obus de 57 mm de la DCA. Sur l’autre rive du Tigre, deux boules de feu, brèves, intenses. Quelqu’un a claqué des portes dans le ciel. Et tout l’horizon s’est éclairé. L’orage, toujours l’orage, une pluie d’éclairs, rythmés par le grondement sourd et répété des bombardiers B-52, comme une lente pulsation, le battement d’un cœur qu’on écoute au stéthoscope. De la mosquée d’à côté est montée la voix du muezzin rendant grâce à Dieu. »
Hiver et printemps 2003, Jean-Paul Mari est en Irak. Le jour, il couvre la guerre ; la nuit, il tient son journal. Sa caméra littéraire raconte avec humanité le quotidien d’une guerre que l’on n’a pas vue.
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Gérard –