Aux frontières de l’Europe

En 2008, Paolo Rumiz entreprend un « parcours en zigzag, sur la fermeture éclair de l’Europe » : six mille kilomètres, depuis Rovaniemi en Laponie finlandaise jusqu’à Odessa en Ukraine, avec le sentiment croissant, à mesure de son avancée, de ne pas se trouver en quelques lointains confins, mais bien au centre, dans l’âme même de notre continent. « C’est ici que bat le cœur, à des centaines de kilomètres au-delà de l’ex-rideau de fer, entre les bouleaux et les grands fleuves méandreux, dans une terra incognita faite de périphéries oubliées. »
L’homme de frontière, comme il se plaît à se dénommer, traversera des postes de douanes, des grillages, des barrières avec miradors et projecteurs, vivra des attentes interminables, des contrôles de visas, mais aussi et surtout connaîtra la générosité des simples gens, « un pêcheur de crabes géants, de pulpeuses marchandes de crème aigre et de myrtilles, un prêtre naguère Rambo des forces spéciales en Tchétchénie… ». Saisissant récit, lucide et généreux, mêlant le cocasse au tragique, d’une superbe écriture hantée par la mélancolie d’une Europe dévastée par trop de guerres.